Monsieur le Président, mes chers collègues,
Évidemment, Monsieur le Président, on ne peut que souscrire à vos propos et je voudrais devant notre assemblée apporter un témoignage d’un habitant d’un quartier populaire, d’un des plus grands quartiers populaires de notre région, le quartier Croix-Rouge de Reims, où je vis depuis 20 ans, où j’ai été élu et le suis encore, où j’ai exercé des responsabilités, notamment en tant que président d’un Office Public de l’Habitat, où j’ai piloté le Programme de Renouvellement Urbain, l’un des plus importants de France. Je voulais à la fois témoigner et rappeler que cette violence est évidemment inacceptable, et vous dire aussi - comme le disait Monsieur Borloo et je crois qu’il a parfaitement raison sur ce point - que nous devons aborder les questions et les problématiques de politique de la Ville en marchant sur nos deux jambes : l’urbain et l’humain.
Il y a des fonds qui sont mobilisés pour l’urbain, notamment les fonds de l’ANRU, qui sont considérables. Mais 85 % des fonds de l’ANRU sont aujourd’hui mobilisés sur du bâti, sur de l’équipement public, sur du réaménagement d’espaces publics. À côté, et je pense que c’est peut-être
l’une des failles de notre dispositif, les politiques publiques n’avancent pas au même rythme. Et n’avancent pas suffisamment ensemble, qu’elles soient éducatives ou de sécurité, puisque le débat autour de la sécurité doit aussi être posé. « Prévention, sécurité, solidarité », disait à l’époque un ancien maire d’Épinay-sur-Seine.
C’est le travail que nous avons à faire, et que l’État a à faire. Mais il ne le fera pas seul ; il a aussi besoin des collectivités et des habitants pour réfléchir sur cette question.
Alors, certains diront qu’on met un paquet d’argent dans la politique de la Ville. C’est faux. La politique de la Ville représente 1 % du budget de l’État, quand on a 7 % des habitants qui y vivent.
Il y a donc une vraie réflexion à engager sur cette question pour que l’humain et l’urbain fonctionnent ensemble et que les politiques publiques, y compris nos politiques publiques, parce que la Région, dans le cadre de ses compétences, a aussi à agir aux côtés des communes, aux côtés de l’État, pour conduire un certain nombre de politiques. Et, me semble-t-il, la réponse exclusivement sécuritaire est certes indispensable pour rétablir l’ordre public, mais elle ne saurait être l’alpha et l’oméga dans ces quartiers. Parce que nous avons encore aujourd’hui des problèmes d’insertion, nous avons encore aujourd’hui des problèmes de pauvreté, nous avons encore aujourd’hui des difficultés de réussite éducative.
Nous devons donc avoir collectivement une approche globale sur ces quartiers.
Voilà ce que je voulais dire à cet instant, puisque vous m‘y autorisez, Monsieur le Président.